L’argent c’est du temps: La monnaie métallique

• La monnaie métallique et les folies des rois
• L’appropriation de l’or par l’argent
• L’argent de la guerre

La monnaie occupe une place centrale dans les échanges humains : elle a, tout au long de l’histoire, permis et influencé les relations personnelles, civilisationnelles et culturelles. Entre 1500 et 1000 av. J.-C., les cauris, ces coquillages utilisés comme monnaie, circulaient déjà dans plusieurs régions d’Asie et d’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest et en Chine. Progressivement, une nouvelle forme de monnaie allait apparaître, destinée à éclipser ces premiers moyens d’échange du langage commun.

En Europe, l’influence des cauris était très peu présente, voire quasi inexistante. Le système de troc aurait perduré sur le vieux continent plus longtemps encore que chez ses voisins. Certains historiens suggèrent que le grain de blé aurait été employé comme élément central du système économique, mais ceci n’est qu’une parenthèse face à la création grecque : la première pièce de monnaie frappée.

La monnaie métallique et les folies des rois

La création des pièces de monnaie telles que nous les entendons est souvent attribuée au roi Alyattès, qui aurait régné sur la Lydie entre -610 et -560. Pour célébrer son règne, il fit frapper de nombreux morceaux d’électrum (alliage combinant or et argent) à son emblème. Rapidement, de nombreux rois et tyrans se seraient inspirés de cette démarche et auraient fait frapper leur emblème, ou leur profil, sur diverses surfaces métalliques variant du bronze à l’or. Le but alors n’était pas de créer une nouvelle monnaie mais simplement d’étaler la richesse d’un monarque.

C’est alors que les populations commencent à s’échanger ces pièces de métal contre des biens et des services. On les traite d’abord comme des bijoux de luxe. Même si, dans la conscience collective, il s’agit encore de troc, c’est en réalité la première étape vers le système économique que nous connaissons.

L’appropriation de l’or par l’argent

Face à ces échanges, il ne fallut pas longtemps aux marchands pour réaliser la véritable valeur de la monnaie et les opportunités qu’elle offrait comparativement au troc. En effet, il est bien plus facile de transporter une bourse de pièces d’or qu’une charrette de marchandises. Au demeurant, le troc reste intéressant à petite échelle, mais, à mesure que le commerce s’intensifie, l’emploi de la monnaie métallique devient une évidence, sans parler de sa conservation, plus aisée que celle du grain de blé ou des coquillages cauris.

De nombreuses monnaies coexistent alors. En réalité, chaque grande cité athénienne en possédait une à un moment donné. La valeur monétaire à l’unité ne repose donc pas sur une valeur spéculative, comme aujourd’hui, mais bien sur la valeur des métaux qui composent la pièce. Une fois cette valeur confirmée par un roi ou une association de marchands, la monnaie entre en circulation et se répand dans le commerce.

L’argent de la guerre

L’adoption générale de la monnaie métallique bouleverse complètement la répartition des ressources entre les différents empires méditerranéens. Inévitablement, de nombreuses guerres éclairs éclatent, mais laissent rapidement place à des périodes de paix plus stables, une fois la fièvre de l’or passée.

Le changement le plus notable qu’on observe du côté militaire concerne certainement l’organisation de l’armée. Jadis, les soldats étaient rémunérés en biens et services issus du système de troc, ce qui se révélait être un véritable cauchemar logistique pour les stratèges de l’époque. Avec l’instauration de la monnaie, apparaît la solde : un paiement individuel, régulier et précisément calculé. Les soldats peuvent alors échanger une part de cette solde contre les biens et services qu’ils recevaient auparavant, ou la transmettre à leur foyer natal, avec une facilité bien supérieure à celle du système économique antérieur.

L’argent ne renverse pas seulement des guerres par sa possession, mais surtout par la manière dont il est employé.